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Cortège Remi Fraisse
Cortège Remi Fraisse

Nuit de rage. Taguée sur les murs de Rennes, la formule veut exprimer la colère des manifestants réunis jeudi 29 octobre pour protester contre les violences policières suite au décès de Rémi Fraisse. Les cordons de CRS et quelques vitrines en ont ensuite fait les frais. Une violence assumée, parfois nuancée mais souvent admise.

Derrière la bannière qui ouvre le cortège, les manifestants sont masqués et équipés. Feux à main, bombes de peintures et affiches, ils lancent les slogans et rythment la marche. Ce jeudi, alors que les barrages policiers interdisent l'accès au centre-ville, ils mènent les quelque 300 manifestants le long des quais. « On continue, allez ! » crie un homme en noir. Dans les rangs, la DJ lance un morceau de Rage Against The Machine, « Killing in the name » qui dénonce les violences policières racistes aux Etats-Unis. « Rémi c'est toi, Rémi c'est moi » entonne le cortège, en hommage au jeune botaniste, Rémi Fraisse, mort ce week-end pendant les affrontements sur le site du barrage de Sivens.

La violence répond à la violence

Trois cordons de CRS sont contournés mais au quatrième, des tirs s'échangent, lacrymogènes contre pavés. L'altercation fait s'indigner les premiers rangs : « C'est eux qui commencent et en plus, en tir tendu ! ». Certains confrontent leurs expériences musclées avec les forces de l'ordre en faisant demi-tour. « Il vaut mieux recevoir un flashball dans la cuisse qu'une lacrymo dans le torse, ça te coupe le souffle » intervient celui qui tenait la bannière de tête, touché justement à la poitrine. Plus tard, des vitrines et des abribus payent pour les forces de l'ordre. « Ce n'est pas de la violence gratuite, c'est de la colère légitime ! » s’énerve sous son écharpe un manifestant de l'avant-garde.

« Nous remettons en cause le monopole de la violence légitime de l’Etat » traduit Kamel. Perdu dans un grand manteau rouge, une mallette à la main, ce « zadiste philosophe et célibataire » selon ses mots, dénonce « l'Etat sécuritaire qui délégitime la colère populaire et qui en même temps, impose ses projets comme à Notre-Dame des Landes ou à Sivens : c'est un viol » s’exclame t-il en hachant les mots.

Des radicaux nécessaire

En fin de cortège, l'ambiance est plus calme. Les groupes discutent à visage découvert, parfois en famille et se félicitent d'avoir une soirée aussi douce. La rage n'est pas de mise. Pourtant, tous ne la condamnent pas. « On a l'habitude en Bretagne, les mobilisations causent souvent des dégâts ! Ce sont des jeunes alors les gens s'alarment mais ce n'est pas plus grave » explique Olivier, ouvrier retraité, avec un demi-sourire. A côté de lui, une jeune femme intervient : « C'est un juste retour face à des policiers qui terrorisent et qui ne sont jamais condamnés. »

Une discussion collective s'engage entre les manifestants. « Moi, je ne suis pas anarchiste, je ne vais pas à l'affrontement mais sans ces groupes radicaux, il n'y aurait pas de mobilisation » défend un participant qui préfère rester anonyme. Face à plusieurs visages approbateurs, il poursuit : « les journaux ne parlent que des casseurs pour minimiser le mouvement ». Deux amis d'Olivier le rejoignent et confirment : « Notre-Dame des Landes c'était pareil, il y avait des bagarreurs et des plus calmes et c'est sûrement ce qui a fait la force de l'action. »

Le syndicat policier Alliance a prévu en novembre des manifestations pour renforcer la légitime défense des forces de l'ordre. Ici, les manifestants militent pour l'inversion de l'ordre de la force légitime.

Tag(s) : #politique